CONFESSION

Bonjour Lior, (Lior est un pseudonyme, le nom original est dans mon cœur)

Autrefois, lorsque j'étais étudiante, nous habitions dans le même immeuble. On se saluait, on riait, bavardait, on faisait des commérages ... tu avais alors deux jeunes enfants adorables. De temps en temps, ils me rendaient visite.

Le vendredi, lorsque je faisais des challah douces, je t'en offrais une pour chabbat.

Dans l'immeuble dans lequel nous vivions, on entendait tout. Tous ceux qui descendaient dans les escaliers, s'embrassaient, parlaient et criaient.

Lior, je t'entendais aussi.

Je t'ai entendu crier, je t'ai entendu pleurer, j'ai entendu les coups, je t'ai entendu te défendre, j'ai entendu le bruit des objets, j'ai entendu la terre brûler. J'ai aussi entendu le silence après la tempête.

Saches que la nuit, lorsque tu te battais et pleurais, je pleurais avec toi.

J'étais une jeune étudiante à l'époque et j'avais peur. Plusieurs fois j'ai appelé la police. J'avais peur qu'elle sache que c'était moi qui l'avais appelée. Les flics sont venus et sont repartis et les passages à tabac ont continué. Après ces nuits-là, tu te cachais, baissais les yeux. Tu n'avais pas besoin de dire un mot. Nous savions toutes les deux.

Finalement, après une de ces nuits brutales, j'ai décidé de chercher qui pourrait te venir en aide. J'ai trouvé une association qui venait au secours des femmes battues. Je les ai suppliés de t'aider. J'ai demandé à rester anonyme et j'ai donné ton numéro.

Un moment a passé depuis. Nous avons déménagé, je ne t'ai plus revue.

Jusqu'au jour où je t'ai rencontrée. Tu es sortie d'une voiture avec un homme que je ne connaissais pas. Tu étais enceinte.

Nous nous sommes embrassées.

Tu m'as dit : "Je te présente mon mari." Tu t'étais remariée. J'ai vu ton visage s'éclairer, la victoire y rayonnait.

J'étais tellement heureuse que tu aies pu retrouver une relation saine, l'amour, à la réparation, à la famille.

Je l'avais espéré au moins. Et je l'espère jusqu'à ce jour.

Lior, tu es mon héroïne